Le « projet engrais » de Tioxide est sur le point de devenir une réalité. Cette conviction est confirmée par l'annonce d'un investissement de 30 millions d'euros, qui seront consacrés au développement de ce projet industriel. Une rencontre avec les autorités, aujourd'hui, permettra de savoir dans quelles proportions les financements publics soutiendront ce projet, et si ce dernier s'accompagne de créations d'emplois.
PAR PASCAL MARTINACHE
Le « projet engrais » ? Au sein de l'usine Tioxide, nul n'ignore que ce dossier s'inscrit dans le cadre d'une réflexion entamée depuis plus de deux ans, sur le thème de la valorisation des déchets. L'idée consiste à fabriquer des engrais à partir des déchets issus du processus de production d'oxyde de titane*.
Ce projet est apparu nécessaire, pour se substituer au traitement actuel des effluents, particulièrement coûteux mais, selon les porteurs du projet, il s'inscrit aussi « dans une logique de développement durable, respectueuse de l'environnement, et réduisant la consommation énergétique ».
C'est d'ailleurs en partie à ce titre que l'État, le conseil régional, Cap Calaisis, la ville et la CCI de la Côte d'Opale « se sont mobilisés aux côtés de l'entreprise Tioxide pour faire émerger ce projet, tant sur le plan financier que sur les procédures administratives ».
En d'autres termes, des financements publics soutiendront ce dossier, mais dans des proportions qui ne seront précisées qu'aujourd'hui, lors d'une rencontre, en sous-préfecture, entre tous les acteurs du projet. Outre la question de l'environnement, les aides, les primes ou les avances qui pourront être consenties se justifient, du point de vue de la préfecture, par le fait que le projet « aura un impact économique direct et indirect important sur le bassin d'emploi du Calaisis, et contribuera à la pérennisation du site Tioxide et de ses 268 emplois ».
Il reste que l'attribution d'aides publiques pour un projet de reconversion de déchets, a récemment suscité des interrogations de la part du secrétaire UNSA du comité d'entreprise. S'il ne conteste pas la pertinence du dossier, Thierry Ségard attend ainsi des précisions et des garanties, notamment en terme d'emplois. Dans notre édition du 18 décembre dernier, Thierry Ségard expliquait que, « aujourd'hui, Tioxide embauche en grande partie pour combler le retard, suite au gel annoncé par le groupe pendant la crise. Une trentaine de personnes ont intégré l'usine en 2010, mais l'effectif, de 265 personnes, n'a pas augmenté, puisque les départs ne sont que partiellement remplacés ».
La question de l'emploi se pose donc avec d'autant plus d'acuité pour Thierry Ségard que chacun pressent que ce projet engrais promet d'être très rentable, et que son coût pourrait être rapidement amorti par Tioxide ? Enfin, alors qu'il est question d'emplois, comment admettre « le recours à la sous-traitance » et la mise en place d'un « système permettant d'externaliser à outrance ». À condition d'être invité à la rencontre, Thierry Ségard pourrait obtenir aujourd'hui des réponses à ses interrogations. •
*Tioxide produit de l'oxyde de titane, utilisé en cosmétique, dans l'industrie pharmaceutique ou les colorant