"Ce qui se passe au Japon est manifestement un accident nucléaire très grave (...) et le risque de grande catastrophe ne peut être écarté", a-t-elle déclaré au cours d'un point de presse en marge d'une réunion avec ses homologues de l'UE.
"L'accident est très grave car de la vapeur radioactive est relâchée", a-t-elle expliqué.
"Il faut éviter que la structure de confinement du réacteur soit endommagée", a-t-elle ajouté. "Si le confinement du coeur du réacteur ne tient pas, alors on part dans un scénario catastrophe", a-t-elle souligné.
Le Japon tente d'éviter un accident nucléaire majeur après de nouvelles explosions dans la
Mme Kosciusko-Morizet a insisté sur le peu d'informations disponibles. "Mais on ne peut blâmer les autorités japonaises. Elles sont dans la gestion de crise", a-t-elle souligné.
"La France a activé 163 balises, dans l'hexagone et dans les départements d'outre-mer, pour suivre l'évolution de la contamination radioactive", a-t-elle annoncé.
"De la vapeur radioactive est relâchée pour réduire la pression dans les réacteurs et éviter d'endommager la structure de confinement. Il y a également de l'hydrogène relâché qui explose au contact de l'air, ce qui explique les explosions et il vaut mieux qu'elles se produisent en dehors de la structure de confinement", a-t-elle souligné.
"La situation du réacteur numéro 1 semble maîtrisée depuis qu'il est refroidi avec de l'eau de mer. En revanche la situation des réacteurs 2 et 3 n'est pas stabilisée", a-t-elle précisé.
La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco), exploitante de la centrale nucléaire de Fukushima, n'a pas exclu lundi que le combustible du réacteur 2 soit un temps entré en fusion à cause d'une panne du système de refroidissement.
"Le choix fait de refroidir le réacteur avec de l'eau de mer signifie qu'il est perdu", a ajouté la ministre française.
"Nous comprenons les angoisses et les questions que se pose l'opinion publique et nous devrons tirer les conséquences de cet accident", a-t-elle assuré.
"Nous devrons notamment savoir si le nucléaire est ou n'est pas une énergie maîtrisable", a-t-elle ajouté.
L'accident au Japon a relancé les polémiques sur le nucléaire et plusieurs gouvernements de l'UE ont annoncé le renforcement de la sécurité de leurs réacteurs.
La Suisse, non membre de l'Union européenne, a pris les devants lundi en suspendant ses projets de renouvellement de centrales nucléaires, en l'attente d'éventuelles "normes plus strictes" de sécurité.
"Il faut éviter de tomber dans l'emballement au niveau de l'UE alors que nous n'avons pas tous les éléments d'informations sur cette crise", a averti Nathalie Kosciusko-Morizet.
"Toutes les questions sont très légitimes, mais il faudra attendre quelques jours pour pouvoir les traiter", a-t-elle estimé.
La Commission européenne a convoqué pour mardi à Bruxelles une réunion des autorités nationales de sûreté nucléaire et des industriels du secteur pour tirer les premières leçons de la situation au Japon.
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« Je dénonce les mensonges, l’omerta et la solidarité internationale des lobbies nucléaires », a déclaré à l’AFP M. Mamère, estimant que « face à l’un des plus grands accidents nucléaires de l’histoire avec Tchernobyl, le lobby nucléaire français n’a tiré aucune leçon ».
« C’est ainsi que le directeur général adjoint de l’Autorité de sécurité nucléaire (Olivier Gupta) a affirmé (samedi matin) qu’il n’y avait pas de risques d’explosion du réacteur » de la centrale nucléaire japonaise Fukushima Nº1, située à 250 km de Tokyo, a-t-il déploré.
« Cela confirme ce que disent les écologistes depuis longtemps : le nucléaire est une énergie à risques énormes et irréversibles », a-t-il dit, ajoutant que la pollution nucléaire n’avait « pas de frontière ».
Il a rappelé qu’en décembre 1999, une alerte 2 (sur une échelle de 7) avait été déclenchée à la centrale du Blayais (Gironde), partiellement inondée par la tempête Martin.
M. Mamère a encore plaidé pour une sortie du nucléaire et pour une réforme du «système de contrôle des centrales nucléaires en France », se prononçant pour une «autorité de sûreté réellement indépendante ».
Michèle Rivasi, député européenne Europe Ecologie – Les Verts et spécialiste des questions nucléaires dresse le constat suivant :
« Tout en niant, dans un premier temps, toute fuite radioactive, les autorités ont déclaré l’état d’urgence nucléaire par ’principe de précaution’. Pourtant la situation semble plus alarmante que le gouvernement souhaite le faire transparaître : au total 11 réacteurs ont été automatiquement arrêtés lors du tremblement de terre, par mesure de sécurité, et ce afin de minimiser les risques. Il y a actuellement au Japon 2 centrales nucléaires en situation d’urgence. Celle de Fukushima connaît un problème d’ordre mécanique au niveau du système de refroidissement du réacteur. Conséquence : environ 3000 riverains vivant, dans un rayon de trois kilomètres, ont été évacués. Il y a aussi la centrale d’Onagawa, où le processus de refroidissement du cœur nucléaire ne se déroulerait pas comme prévu. Actuellement, le niveau des eaux de refroidissement connaîtrait une baisse inquiétante. »
Pour l’eurodéputée, les risques sont nombreux et dépendent de la qualité de la gestion de cette crise : « Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’arrêter le fonctionnement d’une centrale n’écarte finalement aucun risque, puisque dans le cas présent le plus important est de permettre le refroidissement des réacteurs pour éviter qu’ils n’entrent en fusion. Mais sans électricité, comment faire circuler les eaux de refroidissement ? Quelles solutions ont trouvé les autorités : les centrales sont-elles désormais reliées à des sources d’énergie extérieures ? Les groupes électrogènes seront-ils suffisants pour maintenir le refroidissement ? Comme d’habitude, la communication sur les faits est limitée au maximum, mais les doutes subsistent : alors que le gouvernement fait tout pour rassurer la population, certains média japonais feraient état d’une fuite radioactive. Il faut des preuves et réagir vite. »
La conclusion de cette catastrophe doit s’imposer aux dirigeants internationaux selon Michèle Rivasi : « Un tiers du mix énergétique japonais repose sur le nucléaire et le pays envisage d’ouvrir une dizaine de nouvelles centrales d’ici 2030 pour faire passer cette proportion à 50 %. Comme la France et d’autres pays, le Japon affaiblit sa sécurité énergétique tout en prenant des risques insensés. N’oublions pas que le réseau Sortir du Nucléaire avait révélé en juillet 2007 que les centrales nucléaires françaises n’étaient pas aux normes sismiques et qu’EDF avait falsifié les données sismiques de ses centrales nucléaires pour ne pas supporter des travaux de mise aux normes trop onéreux. La France n’est donc pas épargnée par un tel risque. »
La France exportation D'Armes et de Nucléaire ses principaux revenus
La délégation française emmenée par François Fillon a annoncé, hier, la signature de gros contrats,notamment entre EDF, Areva et leurs partenaires chinois. L'aéronautique n'est pas en reste.
Au second jour de sa visite, le Premier ministre a préféré retenir qu'il s'agissait d'une « étape essentielle » dans la lutte contre le réchauffement climatique, admettant qu'elle était insuffisante. Il s'est bien gardé de cibler les Chinois, plus gros pollueurs de la planète, et il a surtout insisté sur la coopération nucléaire entre Paris et Pékin.
Transfert de technologie
Dans ce domaine, les deux pays ont prévu de former des ingénieurs spécialisés et de construire, sur le sol chinois, une usine de retraitement des combustibles. Les deux réacteurs de troisième génération EPR, en construction dans la province de Guangdong, ont connu une nouvelle avancée avec la signature, entre la holding chinoise CGNPC d'une part, Areva et EDF d'autre part, de deux coentreprises.
En jeu, la construction et l'exploitation, durant cinquante ans, de ces deux EPR situés à Taishan (sud). L'investissement d'EDF dans cette coentreprise serait de 600 millions d'euros. Areva détiendra, en outre, des parts dans celle qu'elle formera pour assurer l'ingénierie.
Areva et son partenaire Dongfang ont aussi validé la vente, pour 200 millions d'euros, de pompes pour des réacteurs de deuxième génération. Le premier EPR, dont la construction a été entamée en novembre, doit être opérationnel à la fin 2013, le deuxième à la fin 2014.
D'abord réticent aux transferts de technologie, Areva a fini par se plier aux exigences chinoises. Devancée en 2007 par Westinghouse sur les réacteurs de troisième génération, la France souhaite travailler avec les Chinois sur la quatrième génération d'EPR. « Un milliard d'euros puisés dans le futur grand emprunt seront consacrés à la recherche sur ces futurs réacteurs », a dit François Fillon, accompagné d'Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, et d'Henri Proglio, PDG d'EDF.
Outre le nucléaire, Paris se veut gourmand dans le secteur aéronautique. Le groupe Safran s'est ainsi offert un succès de taille en annonçant qu'il avait été choisi pour équiper, en moteurs et nacelles, l'avion chinois C919, futur concurrent de l'AirbusA320 et du Boeing 737.
Le contrat de cinq milliards de dollars pourrait tripler d'ici à trente ans. D'autres vont-ils suivre aujourd'hui ? Quatrième partenaire commercial européen de la Chine, Paris cherche à multiplier la coopération tous azimuts...