Ségolène Royal à Bully-les-Mines

Ségolène Royal à Bully-les-Mines

AFP/DENIS CHARLET
Ségolène Royal s'est rendue jeudi dans le bassin minier du Pas-de-Calais à Bully-les-Mines

La candidate aux primaires s'est montrée très à gauche et très offensive, lors de cette visite à  Bully-les-Mines, une ville de 14.000 habitants au coeur du bassin minier.

Dans son discours, prononcé dans le complexe sportif Pierre Mauroy, elle a regretté la marginalisation des ouvriers et des classes populaires.  

Elle a souhaité revenir "aux fondamentaux de la démocratie: le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple".

"Jamais le peuple n'a été autant ignoré, abandonné, méprisé"
"Jamais le peuple n'a été autant ignoré, abandonné, méprisé", a-t-elle affirmé. Ebauchant un programme de candidate à la présidence de la République, elle a affirmé, entre autres, sa volonté de redonner "la retraite à ceux qui ont travaillé dur", d'interdire les "licenciements boursiers" et d'obliger les entreprises qui délocalisent à rembourser les aides publiques qu'elles auraient reçues.

Elle a estimé qu'il fallait "redonner le pouvoir au peuple", lutter contre "la précarité et le  déclassement", dénoncer "la cupidité de la classe dominante".

Dépôt de gerbe à la mémoire des mineurs tombés lors de la Première Guerre  mondiale, décor de corons et dialogue avec d'anciens mineurs s'exprimant en  chti: tous les symboles étaient réunis pour ce déplacement en terre nordiste,  dont le but affiché est la reconquête de l'électorat ouvrier et populaire.

En effet, si Bully-les-Mines est restée socialiste, elle se situe à  quelques encâblures de Hénin-Beaumont, le fief de "la Le Pen", selon les mots d'un Bullygeois, évoquant avec dédain la présidente du Front national Marine Le  Pen.

Invitée par le maire PS de Bully-les-Mines, François Lemaire, la candidate  aux primaires socialistes était arrivée incognito -sans presse- la veille, et  a fait un marché jeudi matin, avant d'entamer son déplacement public.

Royal demande de répondre aux questions des "catégories populaires"
Se défendant d'être en campagne, elle a répété son antienne: "Je veux être  au milieu des Français, ceux qui se sentent abandonnés, marginalisés, qui  souffrent du déclassement et du chômage, ceux qui ont envie que les choses  changent", a-t-elle dit à la presse, après avoir rencontré les retraités du  foyer Jules Guesde. "Tout se délite, il faut que cela cesse", a-t-elle scandé, mettant en garde  contre la tentation du vote d'extrême droite.

"Si on ne répond pas aux questions des catégories populaires, au scandale  de l'injustice de la répartition des richesses, la cupidité, l'argent qui  déborde des banques et de la classe dominante, on sent une vraie colère qui  monte et des gens prêts à adhérer à des valeurs simplistes", a-t-elle averti. "Il est possible de les reconquérir", a-t-elle affirmé, alors que le FN de  Marine Le Pen s'est approprié des thèmes traditionnels de la gauche, tels que  l'Etat protecteur ou la laïcité.

"On va leur rendre l'éducation, la santé, le droit à la retraite, on va  changer les règles du jeu (...) Il y a des solutions, c'est comme ça que l'on  pourra faire revenir dans le vote républicain des catégories qui n'y croient  plus", a déclaré Mme Royal , qui a notamment prôné l'augmentation des bas  salaires et des petites retraites.

"Ne lâchez pas prise. Ne subissez plus"
"Je dis aux Français: ne lâchez pas prise. Ne subissez plus", a-t-elle  lancé, en exaltant "la France solidaire et fraternelle". Quelques instants  avant, dans la salle du foyer de mineurs encore pavoisé de décorations de Noël,  elle avait assuré aux pensionnaires vivre "un moment de bonheur paisible" avec  eux.

"Ségolène Royal  a une vraie crédibilité sur ces sujets là, car elle a un  lien resté fort avec les gens du peuple, elle est en résonnance avec les  préoccupations des catégories populaires",  a estimé son porte-parole Guillaume  Garot.

"Il faut, a-t-il dit, tirer les leçons du 21 avril 2002", lorsque le  candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen était arrivé devant le socialiste  Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle. "C'est une des clés de  2012", a-t-il insisté, soulignant que la gauche devait retrouver sa base  électorale: "les ouvriers, les profs, les infirmière