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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 09:23

Le premier ministre François Fillon s'entretient avec Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'intérieur.

Michèle Alliot-Marie, Nicolas Sarkozy puis François Fillon... Les affaires impliquant les voyages à titre privé des membres de l'exécutif se multiplient, sans qu'il soit toujours évident de distinguer ce qui pourrait constituer une faute de ce que prévoient les usages.

 

 

Des précédents et une règle pour les ministres. Sur le cas des ministres, les choses sont établies : à la suite des scandales provoqués par les cas de Christian Estrosi, qui avait commandé en 2008 un avion privé pour rentrer en France assister à une soirée privée à l'Elysée, pour un montant de 138 000 euros, puis d'Alain Joyandet, qui a affrété aux frais du gouvernement un autre jet privé, pour se rendre en Haïti début 2010, François Fillon a établi une règle : les ministres sont tenus d'utiliser le train ou les lignes aériennes régulières pour leurs déplacements en France, et la flotte gouvernementale pour les déplacements à l'étranger.

Rien n'est en revanche précisé pour les vacances des ministres, sinon qu'ils doivent payer celles-ci sur leurs deniers personnels. Le reste tient de l'usage et du bon sens. Le cas de Michèle Alliot-Marie, qui a accepté d'être transportée dans un avion utilisé par le clan Ben Ali et propriété d'un riche industriel tunisien, alors que les émeutes éclataient dans ce pays, tient de la maladresse politique plus que du délit constitué.

Des règles de sécurité pour l'Elysée et Matignon. Ces règles ne concernent pas la présidence, ni le premier ministre. Pour les deux têtes de l'exécutif, la sécurité passe avant le souci d'économies. Chacun d'eux doit être accompagné de gardes du corps, d'une ordonnance militaire et d'un médecin, pour le chef de l'Etat, et surtout être en capacité de rallier la France à tout instant.

Leurs déplacements s'effectuent donc dans les avions de la flotte gouvernementale, même lorsqu'ils partent en vacances. Dans ce cas, on leur demande, depuis 2008, de s'acquitter de l'équivalent d'un billet en "classe affaires" vers leur destination. Ce que François Fillon et Nicolas Sarkozy assurent avoir fait pour leurs deux séjours privés à l'étranger.

La Cour des comptes a clarifié ce point dans son rapport 2009. En effet, il est arrivé auparavant – et même depuis – que Nicolas Sarkozy voyage sur des avions de ligne régulière. Mais il était alors suivi d'un appareil gouvernemental, qui stationnait près de son lieu de résidence pour être prêt à le ramener en France. La Cour des comptes a estimé qu'il était plus économique de voyager directement dans cet avion. Ajoutons que le chef de l'Etat comme le premier ministre mobilise, pour tous ses déplacements, un avion "spare" (de rechange) en plus de celui dans lequel il voyage. Cet avion est là en cas de défaillance du premier.

Reste que le prix acquitté par le président ou son premier ministre est très largement inférieur à celui que coûte la mobilisation de l'appareil et de son équipage, qui reste sur place tout au long des vacances de l'intéressé.

Invité par le pays d'accueil : diplomatie ou abus ? Mis en cause par Le Canard enchaîné, François Fillon a reconnu avoir bénéficié de l'hospitalité du régime deHosni Moubarak, qui lui a fourni un hébergement et un avion pour se rendre d'Assouan à Abou Simbel.

Au-delà de l'aspect politique, et de ce qu'il révèle des liens parfois étroits de Paris avec les "hommes forts" des régimes autoritaires du Proche-Orient, le fait pour un chef de gouvernement de profiter de l'hospitalité du pays qui l'accueille est également un acte diplomatique.

Difficile de trouver des précédents explicites au cas de M. Fillon dans la presse, cependant, même si François Mitterrand, qui retournait régulièrement à Assouan, en Egypte, à l'Hôtel Old Cataract, ou encore Jacques Chirac, vieil habitué du Maroc, ont pu bénéficier de l'hospitalité des pouvoirs locaux.

Une flotte gouvernementale d'une douzaine d'appareils. L'Escadron de transport, d'entraînement et de calibration (ETEC), qui dépend du ministère de la défense et compte 168 personnes, gère les déplacements aériens de l'exécutif.

La flotte actuelle comprend une douzaine d'appareils. En premier lieu le nouvel avion présidentiel, un Airbus A330-200, acheté d'occasion à Air Caraïbes, et qui a coûté au total près de 180 millions d'euros. Il sert avant tout au chef de l'Etat, mais peut être emprunté par un membre du gouvernement ou par le premier ministre. Son rayon d'action lui permet d'aller partout dans le monde sans ravitaillement, ce qui justifie son achat.

Ensuite, le gouvernement a remplacé les deux Falcon 900 datant d'une dizaine d'années par deux Falcon 7X. Ces appareils, d'une capacité de seize places, peuvent effectuer un Paris-New York, ce qu'a fait Nicolas Sarkozy le week-end du 5 et 6 février à titre privé.

Les ministres peuvent encore compter sur quatre vieux Falcon 50, d'une taille et d'un rayon d'action plus réduits. Enfin, l'ETEC affiche encore sept appareils à hélice (TBM 700), peu utilisés, et trois hélicoptères Super Puma. L'ETEC cherche à vendre les anciens appareils gouvernementaux : deux Airbus A319, prédécesseurs de l'A330 présidentiel, et deux vieux Falcon 900.

Le coût horaire des appareils, selon une réponse du gouvernement à une question du député René Dosière, est le suivant : environ 9 000 euros de l'heure pour les Falcon 900, 7 000 euros pour les hélicoptères Puma, 8 000 pour les anciens Airbus A319 et jusqu'à 20 000 euros pour le nouvel A330. Le spécialiste des question de défense Philippe Lemayrie évaluait en 2009 le coût à l'heure de ce dernier à 20 000 euros.

En 2010, toujours en réponse à une question posée par le député Dosière, le gouvernement affirmait que les déplacements de M. Sarkozy constituaient 38 % des heures de vol de l'ETEC, ceux du premier ministre 20 % et ceux du ministre de la défense 5%.

A l'étranger, des pratiques différentes. Comment font les autres chefs d'Etat ? La débauche de mesures de sécurité qui entourent en permanence le président américain ne s'est jamais posée en terme de coûts. Et la plupart des homologues de M. Sarkozy possèdent également leurs avions. Mais la taille varie.

Selon une enquête du mensuel Terra Eco, Angela Merkel voyage ainsi dans un Airbus A310, tandis que l'ancien président brésilien Lula disposait d'un petit jet Embraer 190. Quant au président chinois Hu Jintao, il voyage à bord d'un gros porteur Boeing 747-400, le même modèle que celui du "Air Force One" américain.

Cependant, crise oblige, les chefs d'Etat et de gouvernement étrangers ont tenté de réduire ces coûts. C'est ainsi que le premier ministre britannique, David Cameron, s'est rendu aux Etats-Unis sur un vol commercial en juillet 2010. On ne sait pas s'il était accompagné d'un avion "spare" voyageant à vide.

Samuel Laurent

 

 

 

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 14:37
Pas de PV pour un conseiller de l'Elysée

Contrôlé en excès de vitesse, le maire d'Anet (Eure-et-Loir), Olivier Marleix, n'a pas été sanctionné. Celui qui est aussi conseiller technique de Nicolas Sarkozy avait indiqué aux gendarmes qu'il valait mieux "classer l'affaire".

Olivier Marleix

Contrôlé en excès de vitesse, Olivier Marleix n'a pas été sanctionné. (Maxppp)

119 km/h au lieu de 70 km/h. Pour un conducteur lambda flashé à cette vitesse, la sanction est normalement une amende de 135 euros et un retrait de quatre points sur le permis. Mais pour Olivier Marleix, conseiller général et maire d'Anet, rien de tout cela, révèleLa République du centre lundi.

Des relations haut placées

Contrôlé par les gendarmes le 28 janvier dernier près d'Abondant, en Eure-et-Loir, Olivier Marleix, qui est aussi conseiller technique de Nicolas Sarkozy, aurait fait valoir ses relations à l'Elysée pour échapper aux sanctions, indique le quotidien régional. Courtoisement, mais fermement, Olivier Marleix aurait fait comprendre qu'il valait mieux "classer l'affaire".

Une attitude qui n'a pas plu à la gendarmerie locale: un rapport a été rédigé et transmis à la Direction générale de la gendarmerie nationale. Circonstance aggravante: l'élu roulait avec une voiture appartenant au parc automobile de l'Elysée.

"Plus que 7 ou 8 points" sur son permis

Interrogé par le quotidien, Olivier Marleix assure "ne pas être au courant" de l'affaire. "J'essaie de respecter les limitations de vitesse, il m'arrive d'être arrêté et verbalisé, comme tout un chacun il ne reste plus que sept ou huit points sur mon permis", déclare-t-il dans les colonnes du journal.

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 08:24

 

Interrogée sur France 24, la ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie s'est à nouveau défendue, au lendemain de la révélation par le Nouvel Observateurde l'existence d'une deuxième vol effectué par la ministre à bord d'un jet privé, appartenant à un proche de l'ancien gouvernement tunisien, lors des vacances de fin d'année.

  

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Je n'ai jamais menti", explique la ministre. "Je me suis expliquée, j'ai démonté un à un tous les mensonges". Le fait que la ministre ait effectué un trajet en jet entre Tunis et Tabarka, à bord du jet privé de l'homme d'affaires tunisien Aziz Miled, un"ami de longue date" de Michèle Alliot-Marie et un proche du pouvoir tunisien, a provoqué une vive polémique. Jean-Marc Ayrault, le président du groupe PS à l'Assemblée, a appelé Nicolas Sarkozy à limoger sa ministre. "Si vous voulez donner un peu de confiance aux Français dans les institutions de la République, vous devriez changer votre ministre des Affaires étrangères", a-t-il déclaré sur France Info.

La polémique a rebondi ce samedi, lorsque la ministre a confirmé avoir utilisé une deuxième fois le jet privé d'Aziz Miled, pour une excursion dans le sud du pays, au cours de son séjour. "Cette fameuse excursion, c'est moi qui en ai parlé la première, il y a déjà cinq jours", s'est justifiée la ministre. Mme Alliot-Marie, qui s'était exprimée en milieu de semaine sur les plateaux de France 2 et de Canal +, avait en effet mentionné des excursions, mais sans préciser que pour l'une d'entre elle, elle avait à nouveau utilisé le jet, ce qu'elle a reconnu à l'antenne d'Europe 1, expliquant que la question du moyen de transport ne lui avait pas été posée :

La ministre dit aujourd'hui se rendre compte "que cela ait pu choquer certaines personnes, de bonne ou de mauvaise foi, et je le regrette profondément". Elle juge toutefois n'avoir "rien fait de répréhensible" : "[M. Miled] ne m'a jamais rien demandé."

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 15:16

 

Le deuxième voyage en jet privé de Michèle Alliot-Marie

 

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Selon nos informations, Michèle Alliot-Marie et ses proches ont repris le jet privé d'Aziz Miled le 29 décembre, afin de se rendre à Tozeur, dans le grand sud tunisien évitant ainsi de traverser des villes en révolte.

 

 

 

Michèle Alliot-Marie va devoir rapidement trouver une nouvelle ligne de défense. Elle l’a pourtant répété sur tous les tons, devant journalistes et députés : son "ami de longue date", l’homme d’affaires tunisienAziz Miled se serait contenté de lui offrir "20 minutes de trajet" à bord de son jet privé afin de lui éviter "de faire deux heures de voiture à travers des routes de montagne". Une simple course, donc, presque fortuite.

 

"Arrivant à Noël à Tunis, un ami qui allait à Tabarka, lieu final de destination, avec son avion m’a effectivement proposé de voyager avec lui car il avait des places", avait ainsi déclaré la ministre des Affaires étrangères lors de la séance des questions, à l’Assemblée nationale, le 2 février. Et d’ajouter : "Il n’a, à aucun moment, mis son avion à ma disposition". A aucun moment ? Selon nos informations, Michèle Alliot-Marie, ses parents et son époux, Patrick Ollier, le ministre des Relations avec le Parlement, ne se sont pas contentés de passer des "vacances bien méritées" dans l’hôtel cinq étoiles de leur "ami", sur la côte méditerranéenne, alors que le reste du pays était en plein soulèvement. Ils ont repris son jet privé le 29 décembre, afin de se rendre à Tozeur, dans le grand sud tunisien. Un aller et retour, effectué dans la journée, le temps d’un déjeuner et d’une virée dans les oasis. Une agence locale, Nomade, a été chargée d’organiser la visite.

 

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Au moins, la ministre a-t-elle pu éviter ainsi un voyage encore plus long et plus éprouvant, au moins une dizaine d’heures par la route, à travers cette fois, non plus des montagnes, mais des villes en révolte, comme Sidi Bouzid ou Kasserine. L’appareil, un Challenger 600 de 9 places, appartient à la compagnie aérienne Nouvelair, qui a dû fusionner en 2008 avec la firme Kathago Airlines de Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla Ben Ali, l’épouse de l’ancien dictateur tunisien. Jusqu’à sa fuite au Canada, Belhassen Trabelsi exerçait les fonctions de PDG à la tête de la société. C’est pour cette raison que l’avion emprunté par Michèle Alliot-Marie et ses proches, était immatriculé "TS-IBT". TS, pourTunisie et BT, pour Belhassen Trabelsi. Un homme qui savait être généreux avec les dignitaires de la République française.

 

 

Le 24 décembre 2009, le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, avait ainsi débarqué à bord d’un de ses avions privés, sans doute le même que celui utilisé par sa consoeur du gouvernement, à l’aéroport de Tunis-Carthage, pour un séjour privé au Khartago, l’un des palaces de celui qui était considéré comme le "parrain" du clan Trabelsi. Selon plusieurs sources tunisiennes, Belhassen Trabelsi l’attendait à l’aéroport, en compagnie de Robert Bourgi, grande figure de la Françafrique.

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 13:39
(Article en provenance du Courrier des Balkans) En Bosnie, tout prévenu qui encourt plus de dix ans de prison doit être défendu par un avocat. Sur les quelques 100 accusés de crimes de guerre actuellement jugés par la Cour de justice nationale, seuls quatre sont en mesure de payer eux-mêmes leurs avocats. La défense des autres coûte des millions de marks convertibles aux contribuables. Explication.

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Si l’État paie leur défense, c’est parce qu’ils prétendent « ne pas avoir d’argent » et conformément à la Loi sur la procédure pénale de Bosnie-Herzégovine, les personnes accusées ou soupçonnées d’un crime pour lequel elles encourent une peine de prison de plus de dix ans doivent avoir un avocat.

Dans une déclaration à BIRN – Justice Report, Gojko Kličković, ancien Premier ministre de Republika Srpska accusé devant la Cour de Bosnie-Herzégovine de crimes de guerre commis à Bosanska Krupa, a déclaré avoir choisi son conseil dans une liste d’avocats commis d’office car il n’avait pas les moyens de le payer. Il explique en outre qu’il est dans l’impossibilité de financer sa défense à cause de la durée des procès : deux ans à raison de plusieurs entrevues par semaine.

Selon les données de la Cour, les dépenses nécessaires à la défense d’un accusé atteignent des dizaines de milliers de marks convertibles (1 mark convertible = 0,50 euros environ, NdT) chaque année. Ce montant comprend les témoignages d’experts, les déplacements sur le terrain et autres, tandis que les honoraires de l’avocat s’élèvent à 20.000 marks environ (près de 10.000 euros) selon la fréquence de l’ordonnancement du procès.

Toutefois, les avocats commis d’office considèrent que cela ne représente pas un profit important car beaucoup de temps et d’argent sont consacrés à préparer la défense. En outre certains avocats critiquent, le considérant comme injuste, le fait de pouvoir choisir son avocat car certains d’entre eux doivent s’occuper de plusieurs affaires à la fois tandis que d’autres n’ont pas de travail.

En effet, les accusés choisissent un avocat commis d’office sur la liste du Département de la Défense pénale (OKO) qui fournit un soutien juridique et administratif devant la Cour.

En plus des honoraires, la législation en vigueur permet aux avocats de couvrir leurs frais de déplacement et d’hébergement si nécessaire, ainsi que leurs travaux en dehors de la salle d’audience. La venue à la Cour d’un avocat est payée 390 marks (environ 200 euros) et s’il s’agit d’une audience qui détermine une garde à vue, l’avocat reçoit environ 430 marks (environ 220 euros).

Aux frais des contribuables

Le coût de la défense des onze accusés de génocide à Srebrenica par exemple, dont le procès a duré près de quatre ans, s’est élevé à plus d’un million et demi de marks (environ 750.000 euros), et ce aux frais des contribuables car chacun des accusés avait à sa disposition deux avocats commis d’office.

Miloš Stupar, l’un de ces accusés, a été condamné à 40 ans de prison en première instance. La Chambre d’appel a annulé le verdict et ordonné la révision du procès. Les frais engagés par sa défense lors de la révision devant la Chambre d’appel de la Cour, se sont élevés à quelques 13.000 marks et ils ont à nouveau à la charges des citoyens de Bosnie-Herzégovine. En deuxième instance, Miloš Stupar a été acquitté.

À la Cour de Bosnie-Herzégovine, seuls quatre accusés et un suspect paient eux-mêmes leur défense : Marko Radić, Miroslav Anić, , Enes Handžić et Zulfikar Ališpago.

Marko Radić, un ancien commandant du premier bataillon de Bijelo Polje du Conseil de défense croate (HVO), a été inculpé pour des crimes commis à Vojna près de Mostar. En première instance, il a été condamné à 25 ans de prison, mais la Chambre d’appel a annulé le verdict et ordonné un nouveau procès, qui est toujours en cours.

Enes Handžić, ancien commandant adjoint à la sécurité de la 307ème brigade de l’Armée de Bosnie-Herzégovine est en procès pour des crimes commis contre des Croates à Bugojno et Mehura Selimović, ancien adjoint au chef de section du service pour la sécurité militaire au sein du Vème corps de l’Armée de Bosnie-Herzégovine, pour des crimes commis à Bosanska Krajina.

En cours également, le procès de Zulfikar Ališpago, ancien commandant du détachement « Zulfikar » de l’Armée de Bosnie-Herzégovine, accusé de crimes commis à Trusina (municipalité de Konjic), tandis que Miroslav Anić, un ancien membre du HVO soupçonné d’avoir commis des crimes à Kiseljak et Vareš, est désormais détenu depuis qu’il s’est rendu aux autorités de Bosnie-Herzégovine.

D’autres, comme Gojko Kličković, prétendent qu’ils n’ont pas les moyens de financer leur défense. « Il est impossible de payer. Mon affaire a duré plus de deux ans et nous avons eu des audiences plusieurs fois par semaine. Je n’avais pas d’argent pour rémunérer mon avocat et je pense que de nombreux accusés sont dans la même situation », déclare l’ancien président de la Présidence de guerre et commandant de la cellule de crise de la municipalité serbe de Bosanska Krupa.

Zlatko Knežević, avocat à la Chambre des crimes de guerre, estime que l’argent perçu par les avocats n’est pas significatif, que les revenus perçus à la Cour ne peuvent pas être considérés comme un bénéfice notoire. « Je ne travaille pas sur les affaires de crimes de guerre pour l’argent. Je suis convaincu que ces affaires sont les plus intéressantes du point de vue juridique car elles font partie de l’Histoire et j’y vois également une chance de me confronter à d’excellents procureurs. Pour moi, cela représente un défi, les gains entrent moins en ligne de compte », affirme-t-il.

Zlatko Knežević, qui travaille actuellement sur trois affaires auprès du Tribunal de Bosnie-Herzégovine, critique toutefois le fait que les mêmes avocats soient toujours appelés à travailler sur les affaires de crimes de guerre. « Il n’est pas normal de voir toujours les mêmes conseils dans les cas de crimes de guerre. Il est vrai que les accusés choisissent seuls leur avocat sur la liste du Tribunal, mais il me semble qu’il devrait là aussi y avoir une sélection. Je ne pense pas qu’un avocat puisse mener plus de trois affaires simultanément sans que cela ait une incidence sur la qualité de son travail », souligne-t-il.

Du fait justement que certains conseils mènent de front plusieurs affaires, on peut se poser la question de savoir à quel point ils peuvent se consacrer à la défense d’accusés qui ne les payent pas et pour lesquels ils ont été commis d’office.

Dîner, cadeaux…

Afin d’être sûrs d’obtenir une défense adéquate de la part de leurs avocats commis d’office, il n’est pas rare que les accusés leur offrent des cadeaux. « Je n’ai pas eu la chance que la famille d’un accusé me ‘motive’ par de l’argent mais il peut arriver que celle-ci vous offre un déjeuner, un dîner ou des cadeaux symboliques. Je pense que c’est acceptable, la famille vous montre ainsi qu’elle est satisfaite. Je n’y vois aucun problème », explique l’avocat Dušan Tomić.

Zlatko Knežević affirme pour sa part défendre « la masse pauvre et amère », ceux qui n’ont d’argent ni pour des visites régulières à leur famille, ni pour des cigarettes ou des billets de car lorsqu’ils sont en liberté. « Ceux qui avaient de l’argent, cela fait longtemps qu’ils ont disparu de Bosnie-Herzégovine ou ils sont actuellement en jugement à La Haye. Les pauvres gens, peu importe ce qu’ils ont fait ou ce pour quoi ils sont suspectés, ne peuvent même pas survenir à leurs besoins alors comment pourraient-ils en plus récompenser leurs avocats », explique-t-il.

Dušan Tomić, souvent choisi comme commis d’office par les accusés pour les défendre, explique que cela est probablement dû à son exposition médiatique excessive. « Il est vrai qu’il s’agit toujours un peu des mêmes avocats, et j’en fais moi-même partie, mais pratiquement un détenu sur deux cherche à ce que je le défende », soupire-t-il, expliquant que les médias qui couvrent les procès « donnent aux gens l’illusion que certains avocats sont tout-puissants » et les incitent ainsi à toujours choisir les mêmes défenseurs.

Gojko Kličković, qui a lui aussi choisi Dušan Tomić comme avocat, déclare l’avoir choisi sur « recommandation d’un ami ». En novembre 2010, Kličković a été acquitté de l’accusation d’avoir participé à des crimes commis à Bosanska Krupa en 1992. Outre Tomić, il avait à sa disposition un avocat supplémentaire et a également participé lui-même à la préparation de sa défense. « Je crois néanmoins que les avocats travaillent sur de nombreuses affaires à la fois et je ne pense pas que cela soit une bonne chose. J’ai été satisfait de mes avocats, mais justement à cause du nombre important d’affaires dont mon avocat s’occupait, je me suis attelé moi-même à la préparation des preuves matérielles tandis que mes avocats travaillaient sur le terrain », a déclaré Gojko Kličković.

En ce qui concerne l’efficacité de la défense, Dušan Tomić, qui défend actuellement quatre accusés et un suspect, affirme que si l’avocat doit gérer plus de trois affaires, il ne lui est pas possible de préparer convenablement la défense. Il souligne cependant que le choix du nombre d’affaires est une « chose individuelle », propre à chaque avocat. « Les chirurgiens aussi pratiquent chaque jour plusieurs opérations difficiles et cela n’a jamais été une raison pour les remplacer ou pour réduire l’ampleur de leur travail. Le métier d’avocat, cest comme l’artisanat, c’est une profession qui à la longue devient une routine et, à mon avis, le nombre d’affaires sert à faire d’un avocat un grand avocat », conclut-il.

Afin que les procès ne s’éternisent pas inutilement, le Conseil de la magistrature prend soin de ne pas attribuer à l’accusé un avocat qui travaille sur un trop grand nombre de cas. Il arrive également parfois que les avocats eux-mêmes, parce-que trop occupés, soient obligés de décliner certaines offres.

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 12:25

Tunisie/avoirs gelés: la Suisse a retiré de la liste l'ami d'Alliot-Marie  04/0

2/2011


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GENEVE - La Suisse a retiré un homme d'affaires lié au clan Ben Ali et ami du chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, accusée d'avoir profité de ses largesses, de la liste des personnalités tunisiennes dont les avoirs ont été gelés, selon un document officiel suisse. 

Le 19 janvier, la Suisse avait décidé de bloquer d'éventuels fonds appartenant dans la Confédération helvétique au président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, ou à des proches dont Aziz Miled. 

"Depuis, la Tunisie a fait parvenir à la Suisse une demande d'entraide judiciaire", indique le ministère suisse des Affaires étrangères dans un communiqué publié vendredi. 

"En conséquence, les informations sur les personnes visées par les mesures suisses ont pu être adaptées en fonction des procédures judiciaires engagées et prévues en Tunisie", précise-t-il. 

La nouvelle liste suisse des personnalités tunisiennes dont les avoirs ont été gelés recense désormais un total de 48 personnes. Vingt-trois noms ont été ajoutés à la liste du 19 janvier. En revanche, le nom d'Aziz Miled ne figure plus sur cette liste consultée par l'AFP. 

Ces modifications sont entrées en vigueur vendredi. 

Le 19 janvier, le gouvernement suisse avait pris "rapidement l'initiative de bloquer préventivement des avoirs, dans le but de faciliter l'entraide judiciaire internationale, pour le cas où les autorités tunisiennes engageraient des poursuites pénales", explique le communiqué. 

Ce "blocage préventif des avoirs de l'ancien président tunisien et de ses proches avait pour but d'empêcher que des fonds ne soient transférés de Suisse à l'étranger" avant que les autorités tunisiennes n'aient pu faire parvenir à la Suisse une demande d'entraide internationale en matière pénale. 

Vendredi, "la Suisse a adapté sa liste en fonction des informations transmises par les autorités tunisiennes en matière d'entraide judiciaire", a précisé à l'AFP une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jenny Piaget. 

L'opposition française reproche à Mme Alliot-Marie de s'être rendue fin décembre en Tunisie, avec son compagnon Patrick Ollier, également ministre, alors que la révolte contre Zine El Abidine Ben Ali avait commencé, puis d'avoir bénéficié pour un vol intérieur du jet privé d'un de ses amis, l'homme d'affaires tunisien Aziz Miled. 

"Si je prends mes vacances parfois en Tunisie, c'est à mes frais, voyages et hôtels", a récemment assuré la ministre française devant l'Assemblée nationale, soulignant sur la chaîne de télévision Canal+ avoir "le droit d'avoir des amis". 

"Je n'ai pas pensé à mal", a précisé la ministre sur la télévision publique France 2, en ajoutant qu'au vu de la "polémique" et de "l'émotion" suscitées, elle ne referait pas un tel voyage dans ces conditions. "Je n'ai pas fait attention, probablement parce qu'il s'agissait d'amis", a-t-elle admis. 
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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 07:54

 

Ayrault : "La lettre de Fillon confirme
 que MAM voulait proposer une aide à la
police de Ben Ali"
 

Sur Le Post, le président du groupe PS à l'Assemblée revient sur la lettre qu'il a reçue du Premier ministre, dans laquelle on apprend que la France devait bien livrer des grenades lacrymo à la Tunisie, alors que la répression des manifestations avait déjà fait de nombreux morts.

Jean-Marc Ayrault, le 30 mars 2010, à l'Assemblée nationale.
Jean-Marc Ayrault, le 30 mars 2010, à l'Assemblée nationale. | MAXPPP

Le gouvernement français n'a pas envoyé de matériel de maintien de l'ordre en Tunisie, mais a bien donné son accord à quatre reprises pour livrer des grenades lacrymogènes au régime de Ben Ali, selon des informations du Monde (article payant) et de Reuters. 

Sur ces quatre autorisations, deux ont été données le 8 novembre et deux autres le 12 janvier, soit deux jours avant la fuite de Ben Ali, alors que la répression des manifestations durait depuis presque un mois et avait déjà fait de nombreux morts.

C'est ce que reconnaît le Premier ministre François Fillon dans un courrier envoyé le 31 janvier au président du groupe socialiste à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, en réponse à une question de l'opposition, cinq jours plus tôt (Lire l'article sur le sujet : L'aveu de Fillon : la France devait bien livrer des grenades lacrymogènes à la Tunisie).

Ce n'est que le 18 janvier, quatre jours après le départ de Ben Ali, que la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a définitivement suspendu les autorisations officielles de livraison de grenades à la Tunisie.

 
Le 11 janvier à l'Assemblée nationale, à la veille d'autoriser cette livraison de grenades, MAM avait proposé de mettre à disposition du régime de Ben Ali l'aide de la France en matière de maintien de l'ordre pour la maîtrise des manifestations. Des propos qui ont suscité une polémique dans la classe politique. 

Contacté par Le Post, Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l'Assemblée, voit dans les explications de François Fillon la confirmation que "jusqu'au bout, le gouvernement français a soutenu le régime de Ben Ali".

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez reçu la lettre du Premier ministre ?
"C'est la confirmation de ce que nous pressentions... Comme j'ai été très surpris par la réponse de Michèle Alliot-Marie et de François Fillon, qui étaient dans le déni, la semaine dernière, à l'Assemblée (voir la vidéo), j'ai écrit au Premier ministre pour lui demander précisément quelles avaient été les autorisations demandées en ce qui concerne la livraison de matériel à la Tunisie. Et j'ai obtenu ce que je craignais : il y a bien eu quatre autorisations du gouvernement français, avec l'accord des ministères de l'Intérieur, de la Défense et du ministère des Affaires étrangères. 

MAM et François Fillon.Considérez-vous que Fillon et MAM ont menti lorsque vous les avez interrogés la semaine dernière?
"En tout cas, ils n'ont pas dit la vérité... Fillon a fait un écran de fumée à l'Assemblée, en adoptant un ton polémique. Mais le Premier ministre ne pouvait pas ne pas dire la vérité après avoir été interrogé par un président de groupe à l'Assemblée."

Que déduisez-vous de sa réponse ?
"Cela confirme que jusqu'au bout, le gouvernement français a soutenu le régime de Ben Ali. Et cette lettre de François Fillon confirme aussi que Michèle Alliot-Marie voulait bien proposer une aide à l'équipement de la police de Ben Ali."

MAM a pourtant expliqué après coup qu'elle n'avait pas voulu proposer une aide militaire à la Tunisie...
"En fait, avec la lettre de François Fillon, on comprend qu'elle n'exprimait pas que son point de vue personnel, mais aussi celui du Premier ministre et du président de la République. Notre responsabilité en tant que République française est de soutenir les revendications de ces peuples arabes et d'accompagner les transitions démocratiques."

Quelles sont les conséquences pour l'image de la France dans le monde arabe ? 
"Le mal est fait. Dans les pays arabes, l'attitude du gouvernement français a été très mal ressentie. La réputation de Paris y est très écornée. Je l'ai vraiment ressenti quand je suis allé sur le plateau d'Al Jazeera [le 20 janvier dernier, ndlr]. Ce jour-là, j'ai d'ailleurs tenu à dire que la position de la France ne se résumait pas à celle du gouvernement français."

Et pour l'exécutif français ?
"Tout cela contribue à alourdir le bilan de Nicolas Sarkozy que les Français pourront juger en 2012. À nous d'apporter les conditions d'une alternance crédible pour emmener la France sur une autre voie."

 

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 16:56
Les lacrymos de Ben Ali n'ont pas été bloquées par l'Elysée

Grenade francaise pour Ben ali Un blocage qui serait technique, pas politique.

Grenades lacrymos Française pour Ben ali : le gouvernement français a menti

Plusieurs tonnes de matériel de maintien de l'ordre, des grenades lacrymogènes commandées par le régime de Ben Ali (avant sa chute) sont coincées à Roissy depuis vendredi.

Qui a décidé de bloquer ces fameuses grenades ? Selon Jean-Dominique Merchet, de l'hedomadaire Marianne, le fournisseur (Sofexi, appartenant au groupe privé Marck) aurait reçu un appel d'une personnalité de l'Elysée lui enjoignant de renoncer à l'envoi des grenades dès vendredi, jour de la fuite de Ben Ali.

Un conseiller de l'Elysée contacté par Rue89 était dubitatif : « Ça m'étonnerait que la décision ait été prise à ce niveau-là. »

François Baroin, porte-parole du gouvernement, a déclaré ce mercredi après-midi que « les autorités françaises avaient intercepté » ce matériel sans donner plus de précisions, mais il a précisé que « les douanes seraient habilitées à communiquer le moment venu ».

Ce mercredi soir, Rue89 a obtenu des informations officielles de la Direction générale des douanes. Elle confirme que la décision d'inspecter la marchandise des douanes était d'abord administrative. Les instructions pour bloquer la marchandise n'ont été données par le gouvernement que « lundi ou mardi », soit trois jours ou quatre jours après la chute de Ben Ali.

Un contrôle classique et une instruction après la chute de Ben Ali

Explications :

« Un avion cargo transportant du matériel de maintien de l'ordre -sans matériel de guerre- devait partir vendredi pour le Tunisie. Il a été bloqué le 14 janvier pour contrôle.

A 19h30, les douaniers ont décidé, après avoir utilisé une “technique de ciblage et d'analyse des risques”, de faire un contrôle physique de la marchandise. C'est normal, il s'agissait de matériel de maintien de l'ordre vers une destination sensible, la Tunisie.

Ils se sont rendu compte que sur les quarante palettes, plusieurs étaient manquantes. Toutes ne pouvant être contrôlées par les douaniers, décision a été prise de reporter la visite physique au lundi 17 janvier. On s'y est donc opposé parce qu'on a constaté des irrégularités liées à un non-respect des obligations de dédouanement.

A ce moment-là, nous n'avions aucun contact avec les autorités politiques. C'était un contrôle classique.

Ensuite, comme ça semblait sensible, un rapport des douanes sur la base de ce contrôle est remonté au gouvernement qui a suspendu l'opération. Lundi ou mardi, une instruction du Quai d'Orsay a été donnée pour bloquer le matériel. »

 

L'avion transportait des grenades lacrymogènes, des lanceurs, des gilets pare-balles, des boucliers, etc. Il nous a été confirmé que la France exportait « très régulièrement » ce type de matériel de maintien de l'ordre. Pour ce type de produit, un tel contrôle est ordinaire. Ce commerce est « régulé », mais aucune consigne stricte n'interdit d'exporter des grenades lacrymogènes en Tunisie ou ailleurs.

Depuis au moins 2008, Sofexi fait commerce avec la Tunisie. Entre le 17 décembre et le 14 janvier, y a-t-il eu des livraisons ? Mardi, le groupe n'a pas souhaité nous répondre sur ce point « confidentiel ». Selon les douanes, « a priori, rien ne sort actuellement ».

La vidéo du matériel à destination du ministère de l'Intérieur tunisien :


 

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 16:53

L'ex-président tunisien attendait du matériel de sécurité en provenance de France. Un blocage qui serait technique, pas politique.

Plusieurs tonnes de matériel de maintien de l'ordre, des grenades lacrymogènes notamment, à destination de la Tunisie sont coincées à Roissy depuis vendredi. Nous n'avons pas le chiffre exact mais d'après nos informations, il y aurait sept tonnes de matériel.

Le fournisseur, Sofexi, appartient au groupe privé Marck, spécialisé dans l'équipement de sécurité. Sur la vidéo ci-dessous, on peut voir des lots de treize colis. Il ne s'agit que d'une partie de la livraison adressée au ministère tunisien de l'Intérieur et du Développement local. (Voir la vidéo)


 

Sofexi confirme que la Tunisie est l'un de ses clients depuis 2008 mais refuse d'indiquer à quel moment la commande a été passée.

Un blocage technique, pas politique

Sur son blog, le journaliste Jean-Dominique Merchet, spécialiste des questions de défense, affirme que « le patron du groupe a reçu un appel d'une haute autorité de l'Elysée, lui signifiant que cette livraison était hors de question ». D'après nos informations, le blocage des grenades n'est pourtant pas lié à une question politique mais technique.

Selon Hesnault, la société chargée du transport du matériel, les raisons de ce blocage sont liées à une bête lourdeur administrative.

« Produits autorisés »

Vendredi matin, le bureau de douane a signé les documents autorisant l'exportation des marchandises. Cependant, le matériel étant considéré comme sensible, le jargon de la douane le désigne sous l'expression « produits autorisés ». Les douaniers ont donc décidé d'une « visite intégrale » du matériel, c'est-à-dire d'une vérification pièce par pièce.

Ces visites sont ordinaires et régulières selon le transporteur, étant donné que le « système informatique des douanes déclenche systématiquement ce type de visite pour le matériel autorisé ».

Problème : le matériel était déjà sorti du magasin sous douane vers l'emballeur, la société SFE, avant l'inspection. Les douaniers ont donc exigé le retour de la marchandise pour qu'elle puisse être inspectée lundi matin. Ce qui explique le blocage du matériel à Roissy.

Un blocage « pas du tout » lié à la révolution tunisienne

Actuellement, les colis sont toujours à la Sogafro, la plateforme de fret. Le transporteur Hesnault attend les instructions de Sofexi concernant l'envoi des grenades (« On devrait rapidement savoir à quel moment ça peut partir ») et ne lie « pas du tout » le blocage du matériel aux événements tunisiens.

Contacté, le ministère de la Défense explique que s'agissant de matériel non-militaire, ce n'est pas à lui de donner l'autorisation :

« Ce type de matériel fait l'objet d'un consensus interministériel et c'est aux douanes, donc à l'Intérieur [sic], de trancher. »

 

Mardi, au ministère de l'Intérieur, on nous a répondu « Elysée » et à l'Elysée, on nous a renvoyé vers le ministère des Affaires étrangères.

Mercredi, François Baroin a confirmé le blocage de cette cargaison sans mentionner l'Elysée :

« Ben Ali a demandé du renfort et ce matériel n'est pas parti. »

 

Un conseiller de l'Elysée contacté par Rue89 répond :

« Personnellement, cette question ne me préoccupe pas mais ça m'étonnerait que la décision ait été prise à ce niveau là. »

 

Il a également déclaré ne pas savoir si Ben Ali avait déjà reçu du matériel de même nature. Pourtant, la Tunisie est un client de Sofexi depuis 2008.

Pour l'instant, les douanes ne communiquent pas sur le sujet.

 

Grenades lacrymos Française pour Ben ali : le gouvernement français a menti

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 16:46
Grenades lacrymos de Ben Ali : le gouvernement français a menti

 Les menteurs menteurs

 

Grenade francaise pour Ben ali Un blocage qui serait technique, pas politique.  

 

Le gouvernement français savait que des grenades lacrymogènes étaient en partance pour la Tunisie. L'affaire, racontée par Rue89, n'en finit pas de susciter des remous.

Alors que Michèle Alliot-Marie et François Fillon ont assuré que la France ignorait que la Tunisie était livrée en gaz lacrymogène par une entreprise française entre les mois de décembre et janvier, la société chargée de l'exportation de ce produit a déclaré le contraire et confirmé que le régime de Ben Ali avait bien passé commande au plus fort des émeutes :

« Sofexi a reçu des autorités françaises tous les agréments nécessaires à l'exportation de grenades lacrymogènes commandées entre décembre et janvier par le ministère tunisien de l'Intérieur.

Nous avions tous les agréments des ministères concernés. »

 

Pour pouvoir livrer ce type de matériel, les entreprises doivent recevoir au préalable une autorisation d'exportation (un formulaire AEPE, autorisation d'exportation de poudres et explosifs) délivrée par les ministères de l'Intérieur, des Finances et de la Défense. Le matériel ayant été sur le point de partir en Tunisie le 14 janvier dernier, il est désormais certain que cette autorisation a été donnée par le gouvernement.

Selon Le Monde, les services de MAM ont étroitement travaillé avec ceux de l'Intérieur : quatre livraisons de matériel de maintien de l'ordre auraient été acceptées par le gouvernement au courant du mois de décembre.

 

 

La fable élyséenne s'effondre

En pleine tempête depuis sa proposition de coopération policière et sécuritaire à la Tunisie, Michèle Alliot-Marie a nié toute implication, répondant à une question du député socialiste Gaëtan Gorce à l'Assemblée nationale le 23 janvier :

Gaëtan Gorce : « Mme Alliot-Marie ne s'est pas contentée de proposer une coopération policière qui devait s'adresser à un régime dont on a vu qu'il utilisait des moyens sanglants ; le gouvernement a agi en ce sens. Nous avons appris la semaine dernière qu'un avion, chargé de sept tonnes de matériel de maintien de l'ordre, avait été affrété et s'apprêtait à partir, au moment même du départ de M. Ben Ali, et n'avait été arrêté que pour une raison de procédure tenant au service des douanes. […]

Ma question ira droit au but, monsieur le Premier ministre : si un avion a été préparé et a failli partir, combien d'autres ont été éventuellement envoyés ? Pouvez-vous nous garantir qu'aucun transfert de matériel de maintien de l'ordre n'a été assuré au bénéfice du régime de Ben Ali entre la mi-décembre et la mi-janvier ? »

Michèle Alliot-Marie : « En matière de police, les choses sont très claires. Nous entretenons avec la Tunisie une coopération extrêmement faible, essentiellement institutionnelle, qui se situe dans le cadre d'Interpol. […] Nous n'avons rien à cacher en matière de coopération. Et si vous voulez davantage d'éléments, je les tiens à votre disposition. » (Voir la vidéo)

 

Cette information achève de faire tomber la fable élyséenne selon laquelle la France aurait bloqué des grenades lacrymogènes à destination de Tunis. Rue89 racontait la semaine dernière que le motif du blocage, administratif, avait été habilement exploité par le gouvernement pour se dédouaner de la responsabilité de cette livraison.

Dans un courrier envoyé à François Fillon, Jean-Marc Ayrault, le patron des députés socialistes, demande au gouvernement de transmettre tous les informations à l'opposition et d'indiquer « pour chaque ministère, quand les autorisations d'exportation ont été données et enfin [de nous dire] si toutes ces exportations ont été bloquées et par qui ». (Voir la vidéo des grenades lacrymogènes bloquées à Roissy)

 

 


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