Opération séduction pour Nicolas Sarkozy, ce jeudi soir, sur TF1. Le chef de l'Etat
s'est exprimé plus longuement que prévu (2h30 au lieu de 1h30) dans l'émission "Paroles de Français" devant un panel de neuf Français sélectionnés par la "Une" pour "répondre à leurs préoccupations quotidiennes". Au menu :
l'Egypte, le chômage, l'emploi des jeunes, l'agriculture... et les sujets qui fâchent.
Le format de l'émission a permis à Nicolas Sarkozy de dérouler les thèmes qu'il souhaitait aborder.
Bilan : il a tenté de déminer
la fronde des magistrats qui ont manifesté jeudi à cause de
ses propos dans l'affaire Laëtitia et de clore les polémiques sur
les vacances de François Fillon en Égypte et de
Michèle Alliot-Marie en Tunisie. Et a fait des annonces principalement pour l'emploi des jeunes (apprentissage) et la sécurité (délinquance des mineurs).
Objectifs du Président : défendre sa politique intérieure, redresser sa cote de popularité, et se "représidentialiser" pour reconquérir l'opinion en vue de 2012. Alors, pari réussi, selon vous ?
Pour suivre le live du Post sur l'émission, c'est par ici.
Voici ce qu'il en est sorti... Sur les affaires des vacances Fillon et MAM "J'ai regardé : pas un centime
d'argent public n'a été détourné et la politique étrangère française n'a pas été impactée ni par le déplacement en Tunisie, ni par le déplacement en Egypte."
"Si je pensais qu'il y avait une faute, j'aurais agi".
Mais "l'époque a changé et je comprends que ça puisse choquer et donc que ça doit cesser".
Mauvais point pour Alliot-Marie, pas de problème pour Fillon...
Sur l'affaire MAM : "Sans doute, si nous en avions parlé Michèle Alliot-Marie et moi, nous aurions convenu que ce n'était pas la meilleure idée que d'aller en Tunisie, même si c'est plus facile à dire après qu'avant."
Par contre, pour les vacances de Fillon en Egypte, il "ne pense pas que c'était une faute." "Le Premier ministre français est invité par le président égyptien, pays central pour la politique arabe de la France, pays immense, pays ami de la France. Est-ce que c'était une faute d'y aller ? Je ne le pense pas."
Puis il a rappelé
ce qu'il a dit mercredi en conseil des ministres, suite à ces deux affaires.
Egypte : oui à la démocratie, pas "une dictature religieuse comme en Iran" Il souhaite que l'Egypte trouve le chemin de la démocratie et "pas de la dictature religieuse comme en Iran". Pour lui, le retrait de Moubarak au profit de son vice-président est "inéluctable".
"Ce que je souhaite de tout coeur pour la démocratie égyptienne naissante c'est qu'ils prennent le temps de se doter de formations politiques, de structures, de principes, qui font qu'ils trouveront le chemin de la démocratie et non pas le chemin d'une autre forme de dictature, la dictature religieuse comme malheureusement ça s'est passé en Iran après le départ du shah d'Iran."
(Source : TF1 / Montage : Fred Lille)
Un peu de lest pour les magistrats... Il a demandé au garde des Sceaux, Michel Mercier, d'engager dès vendredi une "consultation très ouverte" sur le "malaise" des magistrats.
"Je connais les magistrats, c'est un métier passionnant (...) l'immense majorité d'ente eux sont compétents, honnêtes, et sont diligents, il ne me viendrait pas à l'idée de porter un jugement sur une profession dans son ensemble cela n'aurait pas de sens."
... mais pas sur l'affaire Laëtitia Il a redit qu'il y aurait "des sanctions" s'il y avait eu des fautes dans l'affaire Laëtitia.
"Ce n'est pas un corps auquel on reproche des choses, c'est une affaire, l'affaire de la jeune Laëtitia. S'il y a eu des fautes, il faudra qu'il y ait des responsables."
"Je vous promets que je vais voir précisément ce qu'il s'est passé et si il y a des fautes, il y aura des sanctions."
"Tout n'est pas une question de moyens" Pour lui, la discussion de fond avec les magistrats "pour voir ce qu'il faut changer" ne doit pas se focaliser uniquement sur le problème des moyens.
"Tout n'est pas une question de moyens (...) Entre 2002 et 2010, le nombre de magistrats en France est passé de 7.300 à 8.510 (...) c'est une augmentation de 16%" et "le budget de la justice est en augmentation de 4,3%."
"5.000 places de prisons supplémentaires" Il a aussi reconnu qu'il n'y avait pas assez de places de prison et qu'il fallait "adapter la justice pénale à la violence de la société". "En 2018, il y aura 40% de places de prison en plus, on sera à 70.000 (...) Nous allons engager un plan de 5.000 places de prisons supplémentaires."
Les jurés populaires "avant l'été" Il veut toujours la présence de jurés populaires dans les tribunaux correctionnels et annonce que la réforme initialement prévue pour la fin de l'année serait mise en place "avant l'été".
Un petit geste pour les profs... Quant aux professeurs, qui ont aussi manifesté jeudi, il s'engage à rencontrer les syndicats pour "qu'on renforce la partie stage professionnalisant" de leur formation.
Délinquance des mineurs : de nouvelles mesures "avant l'été" Nicolas Sarkozy admet qu'il y a deux chantiers sur lesquels il "n'y arrive pas" : "les mineurs, on y arrive pas. Jamais je ne renoncerai. Et l'hyperviolence qui vient de gens qui n'ont ni éducation, ni règles", répond-il à Fatiha Djegaoud, une pharmacienne de Nice, dont l'établissement a été attaqué quatre fois.
Du coup, il annonce qu'il y aurait de nouvelles mesures "avant l'été" concernant la délinquance des mineurs. "Il faut que nous changions la législation (...) Ce n'est pas adapté."
"La deuxième chose à traiter : les récidivistes." Il veut des peines plus sévères contre eux : "la sanction judiciaire ne suscite pas suffisamment la crainte pour les multirécidivistes". "Il faut donc que nous développions la vidéosurveillance et les fichiers", qui recensent les délinquants.
"Un demi-milliard d'euros" contre le chômage Il annonce qu'il veut "rajouter au budget du ministre de l'Emploi un demi-milliard d'euros" en 2011 pour "les chômeurs de longue durée" et les jeunes. "Cet argent va nous permettre de faire recevoir dans les trois mois tous les chômeurs de longue durée et de leur proposer soit une formation qualifiante, soit un emploi pour ne pas les laisser chez eux."
Pour l'apprentissage, un système de "bonus malus" va être mis en place pour encourager les entreprises à embaucher des jeunes. Rappel : les entreprises de plus de 250 salariés doivent employer 3% d'apprentis.
"Nous allons demander à Xavier Bertrand [ministre du Travail, ndlr] de changer le statut de l'apprenti car il n'y a aucune raison que le statut de l'apprenti soit inférieur à celui de l'étudiant". "Nous allons construire des dizaines de centres d'apprentissage" et en rénover d'autres "pour que nous passions de 600.000 apprentis à 1 million".
"Troisième chose (...) Nous allons mobiliser tout l'appareil d'Etat (...) pour augmenter les contrats aidés que nous allons augmenter" et "le nombre de contrats pour les jeunes des quartiers".
L'argent sera pris sur les autres ministères : "ce demi-milliard sera gagé par des économies qui seront faites sur les autres ministères."
(Source : TF1 / Montage : Fred Lille)
Dépendance : création d'une 5e branche de la Sécu "cet été" Il annonce la création "cet été" d'une cinquième branche de la protection sociale sur la dépendance, au côté de la maladie, de la retraite, des accidents du travail et de la famille.
Pour la réforme fiscale à venir... Il est "opposé à la taxation des plus-values sur la résidence principale." C'est une des pistes évoquées pour la réforme de la fiscalité du patrimoine.
400 bourses à des jeunes étudiants en médecine L'Etat va accorder 400 bourses à des jeunes étudiants en médecine pour qu'ils aillent ensuite exercer dans des zones en déficit.
Le multiculturalisme est "un échec" "Le multiculturalisme est un échec en Europe comme en France", car, pour lui, "on s'est trop préoccupé de l'identité de celui qui arrivait et pas assez de l'identité du pays qui accueillait".
"Nous ne voulons pas d'une société dans laquelle les communautés coexistent les unes à côtés des autres. Si on vient en France, on accepte de se fondre dans une seule communauté, la communauté nationale. Si on n'accepte pas cela, on ne vient pas en France (...) Si on accepte tout le monde, notre système d'immigration explose."
"Nos compatriotes musulmans doivent pouvoir vivre et pratiquer leur religion, comme n'importe quel compatriote mais il ne peut s'agir que d'un Islam de France et non pas d'un Islam en France." "Nous ne voulons pas en France que l'on prie de façon ostentatoire dans la rue", mais il est "normal" qu'il y ait des mosquées, a-t-il dit dans une forme
de réponse à Marine Le Pen. "La prière n'offense personne, mais nous ne voulons pas (...) d'un prosélytisme religieux agressif."
C'est pour ces raisons qu'il a
voulu l'interdiction du port du voile intégral dans les lieux publics.